L’édition de lundi de la presse quotidienne s’intéresse principalement au nouveau gouvernement dont la composition a été dévoilée dimanche.
La nouvelle équipe gouvernementale, constituée après des jours d’attente, à la suite de la dissolution de la précédente, mercredi, se veut d’ouverture avec l’arrivée d’opposants de premier plan que sont Idrissa Seck, leader de Rewmi, et Oumar Sarr, un dissident du Parti démocratique sénégalais (PDS), qui vient de créer un parti politique.
‘’Avec Idrissa Seck à la présidence du CESE (le Conseil économique, social et environnemental) et Oumar Sarr au ministère des Mines et de la Géologie, Macky Sall élargit et renforce sa majorité’’, souligne Le Soleil, concernant ce ‘’gouvernement de combattants’’, qui est composé de 33 ministres et de quatre secrétaires d’Etat.
‘’Il (Mcky Sall) avait annoncé une retouche en profondeur de l’équipe gouvernementale. Il est allé plus loin en déchargeant des figures de premier plan de sa formation politique. Ce faisant, il sanctionne positivement la loyauté et affranchit tous ceux qui seraient tentés de jouer leur musique personnelle’’, analyse l’éditorialiste du Soleil.
‘’Macky Sall décrète la chute des barons’’, écrit Tribune, qui se demande ‘’si le Sénégal avait un problème de coach et de système de jeu’’. Une interrogation à laquelle semble répondre Le Témoin Quotidien, lequel estime que Macky Sall a surtout libéralisé son gouvernement avec ces deux grandes figures de premier plan de la famille libérale.
‘’Au cimetière des potentiels dauphins’’, affirme Source A, on retrouve Amadou Bâ, Aly Ngouille Ndiaye, Mouhamadou Makhtar Cissé, et l’ex-présidente du CESE, Aminata Touré. Certains d’entre eux étaient considérés comme des proches du président de la République.
Selon Source A, ces personnalités ont comme dénominateur commun d’avoir ‘’été souvent citées comme de potentiels dauphins de Macky Sall à la prochaine élection présidentielle’’. Même si tous ces anciens ministres et Aminata Touré partagent le cimetière des payés en monnaie de singe, ils n’ont jamais fait part de leur volonté de succéder au chef de l’Etat’’.
Il reste que le président de la République ‘’a fait le vide autour de lui en se débarrassant des présidentiables’’, en profitant de ce ‘’lifting’’ gouvernemental, fait remarquer EnQuête, L’As affirmant que ‘’Macky [Sall] écrase ‘ses hommes’ et lance Idy (Idrissa Seck)’’, une figure parmi les plus importantes de l’opposition sénégalaise actuelle.
‘’Le chef de l’Etat donne un nouvel élan à sa politique. En plus d’ouvrir son gouvernement à une frange de l’opposition, il a bombardé Idrissa Seck à la tête du Conseil économique, social et environnemental. Au même moment, ajoute L’As, certains partisans de l’actuel régime étiquetés d’ambitieux et de lorgneurs du fauteuil présidentiel ont tout simplement été écartés.’’
EnQuête estime que le compagnonnage de Rewmi et de son leader, Idrissa Seck, avec Macky Sall ‘’reconfigure la scène politique’’, ce qui correspondrait à ce que Vox Populi considère comme les ‘’coups politiques du président’’ de la République.
‘’Macky [Sall] acte le ‘deal’ avec Idy et liquide les ‘ambitieux’‘’, le président de Rewmi héritant du CESE pour devenir le troisième personnage de l’Etat, ajoute Vox Populi.
‘’Ère Sall et Seck’’ et nouvelle coalition gouvernementale, écrit Le Quotidien. ‘’Un gouvernement élargi. Une majorité élargie aussi, qui fait l’affaire de Macky Sall en direction des élections locales. C’est le remariage’’, commente ce journal à propos des retrouvailles entre l’ancien tout-puissant numéro 2 du PDS et le chef de l’Etat, dissidents, tous les deux, de cette formation politique mère du libéralisme sénégalais.
D’autres journaux refusent de s’enthousiasmer outre mesure sur la constitution du nouveau gouvernement, s’ils n’y sont pas tout simplement hostiles. C’est le cas de Kritik’, presque indigné. ‘’La haute trahison’’, dénonce-t-il.
WalfQuotidien fait état d’une ‘’alliance ‘mackyavélique’‘’. Et le journal d’ouvrir les paris sur le devenir de ces retrouvailles, se demandant qui de Macky Sall et d’Idrissa Seck ‘’va tuer l’autre’’. ‘’Après avoir fait en sorte qu’il n’y ait plus de prétention à sa succession dans son propre camp, écrit WalfQuotidien, Macky Sall a décidé de faire entrer un grand loup (...) dans la bergerie’’, Idrissa Seck en l’occurrence.
‘’Mais ce new deal avec Idy sonne comme un jeu de dupes dans lequel chacun a des arrière-pensées’’, relève le même journal. Il concède toutefois que l’arrivée de M. Seck consacre ‘’une redistribution des cartes, avec d’une part la famille libérale qui se reconstitue, et d’autre part, une opposition radicale désormais pilotée par le leader de PASTEF/Les Patriotes’’.
L’Observateur parle d’une ‘’collusion politique (...) qui cache un protocole de dauphinat à dérouler d’ici à la présidentielle de 2024’’. Et le journal de revenir sur les tractations entre les deux hommes, des ‘’rencontres nocturnes entre Mermoz et Point E’’, les quartiers de résidence du président de la République et de l’ancien Premier ministre.
Dans la même perspective, le journal évoque d’un même ton la ‘’caution’’ et les ‘’garanties’’ de ce ‘’nouveau deal’’, convaincu que ce ‘’ralliement’’ ne serait pas sans conséquences.
Les journaux saluent aussi la mémoire de l’historien Iba Der Thiam, ‘’un grand intellectuel’’, selon L’As, qui ‘’s’en est allé’’ samedi, à l’âge de 83 ans.
‘’La dernière leçon du professeur’’, souligne L’Observateur, Vox Populi estimant qu’avec cet agrégé d’histoire et universitaire émérite, ‘’la bibliothèque a brûlé’’. ‘’Iba Der ne termine pas son histoire’’, regrette Tribune, Sud Quotidien et EnQuête évoquant ce que représentait le défunt pour son pays.
‘’Le Sénégal perd un monument de son histoire’’, affirme le premier des deux journaux, ‘’son historien général’’, selon le second.
BK/ESF
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